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La SERRURERIE

blason des serruriers


La Serrurerie est l'art et la technique du travail du fer à froid, le plus souvent.

A la base, c'est celui qui fait les serrures (mécanisme de fermeture des portes) et les clefs ou combinaisons correspondantes permettant de les ouvrir.
Il existe des serrures à garnitures, des serrures à gorges, des serrures à goupilles, des serrures tubulaires et des serrures à pompe.


Au XVIéme siècle
L'histoire des métiers parisiens jusqu'au XVIII siècle est pleine de querelles de préséance, de prérogatives, de procès et d'appels au roi pour limiter la concurrence entre les artisans du fer. Ces querelles ont bien souvent pour origine les maîtres serruriers, soucieux de protéger leurs droits et privilèges.
En 1537, à la demande des gardes du métier, le roi Henri II accorde des lettres patentes aux serruriers, stipulant que : "les ferronniers, merciers et marchands faisant et exerçant train et trafic d'ouvrages dépendant et concernant le métier ou manufacture de serrurerie seront sujets à la visite des jurés serruriers".
Les marchands mercier vendent alors du fer en barre, du plomb, du cuivre, des objets de quincaillerie, comme des cadenas et aussi quelques serrures.

atelier serrurier


Au XVIIème siècle
Ce nouveau statut est confirmé par roi Louis XIII en janvier 1613.
C'est le 12 mars 1677, que le parlement conçoit un arrêt concernant la visite des jurés serruriers chez les artisans qui vendaient des serrures et divers objets de quincaillerie.
Cet arrêt mentionne que la cour a maintenu et gardé aux maîtres serruriers :
"le droit de visiter deux fois l'année les boutiques et maisons des dits marchands merciers, les ouvrages de serrures, gonds, pattes, verrous et fiches qui s'appliquent tant aux portes qu'aux fenêtres des maisons seulement, suivant et conformément à l'arrêt du 26 juin 1638 ; à la charge par les jurés serruriers d'appeler un garde des dits marchands merciers pour assister avec les dits jurés à ladite visite sans frais. Fait défense aux dits serruriers de visiter les autres ferrures, ni de vendre et ne débiter aucune marchandise de serrurerie que celles qu'ils auront fabriquées dans leurs maisons et boutiques."

On commence à exécuter des serrures dites "Bénardes", qui s'ouvrent à la clef des deux côtés. Les serrures sont en fer, quelquefois dorées à la feuille.
C'est sous le règne de Louis XIV qu'apparaissent les premières serrures en bronze ciselé ou dorées au mercure pour la décoration des riches appartements de Versailles.
C'est à cette époque que l'on trouve aussi les premiers boutons doubles pour actionner les pènes demi-tour à la fois de l'extérieur et de l'intérieur.

Le chambellan est l'officier de cour chargé de tout ce qui concerne le service intérieur de la chambre du Roi. Il porte pour insigne sur la poitrine une clé en bronze doré attachée à un cordon. Cette clé décorée des armoiries du pays dont est originaire le bénéficiaire est d'ailleurs souvent un passe-partout.

Des travaux de l'Académie des Sciences expérimentent la toute nouvelle utilisation de la fonte malléable qui semble être une révolution dans le métier.

Une clé monumentale (38 x 14 cm) ancienne ouvragée


Au XVIIIème siècle
En 1722, les travaux de Réaumur confirment l'intérêt de ce nouveau matériau pour la serrurerie.
En 1730, Jean Nolan, un marchand quincaillier à Paris, s'intitule comme : entrepreneur de ferrure et de serrurerie.
A plusieurs reprises, des ordonnances de police sont appliquées, pour interdire aux ferrailleurs de réparer de vieilles clés, d'autres articles mentionnant même que l'on doit rapporter à la police dans la quinzaine, toutes les clés vieilles ou neuves dépourvues de leur serrure sous peine d'amende.

Les boutiques ou magasins de serrurerie des maîtres serruriers arborent une clef, ou deux clefs en sautoirs suspendues au dessus de leur atelier, sans avoir de monopole sur ce genre d'enseigne.

C'est le règne de grands artistes serruriers : Caffieri, Delafosse, Forestier, Gouthier, Meisonier, qui amènent l'artisanat de la serrurerie au rang d'art en réalisant de véritables chefs-d'oeuvre dans leurs ateliers;

Louis XVI, lui-même se passionne pour la serrurerie et excelle dans cette discipline.

Puis le fer forgé est abandonné petit à petit pour la fabrication des serrures car le style louis XV ne plaît plus aux clients qui lui préfèrent des formes plus créatives, droites et régulières, ou carrées qui deviennent à la mode grâce aux ornemanistes : Forty, Moreau ou Neuffroge...

C'est enfin l'utilisation progressive de la fonte malléable qui fait évoluer définitivement le métier des artisans du métal, car la fonte de fer est beaucoup plus facile à travailler.

C'est alors que de nombreux serruriers laissent leur place aux fondeurs, dans l'exécution de divers travaux, comme la création de fenêtres en fonte, de balcons ou appuis, de palâtres de serrures et de marteaux de portes et plaques décoratives.


Au XIXéme siècle
C'est en 1823, que Morisot, entrepreneur dans le bâtiment, donna la définition suivante de la serrurerie : "La serrurerie a deux types de fournitures et matériaux.
- Le 1er type concerne tous les ouvrages qui se fabriquent dans l'atelier, entre la forge et la lime, tels que les gros fers, les grilles, les rampes, les balcons.
- Le 2ème type concerne les objets en fabrication, connus sous le nom de quincaillerie telles que les serrures, les cylindres, les verrous, etc."


Les grands fabricants de serrures du XIX et XX siècle, tels que : Bricard, Vaillant, Fontaine ou Fichet sont les vrais successeurs des quincailliers marchand.

A cette époque, c'est le quincaillier marchand qui vend tout ce qui est utile à l'usage domestique.
Les Serruriers et quincailliers sont dépendants les uns des autres sur les marchés de la construction et les serruriers trouvent leur compte à acheter des serrures toutes faites, plutôt que de les fabriquer eux-mêmes se contentant de façonner la serrure et la clef pour justifier leur travail.


La serrure de Marseille
Appelée aussi "de la Légion d'honneur", cette réalisation est le chef-d'œuvre des compagnons serruriers du Devoir, exécutée en 1809 par Ange Bonin, dit Ange le Dauphiné.
Ce compagnon releve le défi des gavots de «jouer» la ville de Marseille pour cent ans et remporte la victoire pour les devoirants, son organisation compagnonnique.
L'ouvrage à réaliser est une serrure pour laquelle un compagnon de chaque rite doit vivre enfermé pendant dix-huit mois, sous haute surveillance, n'ayant à disposition qu'une forge, une enclume, un marteau et une patte d'ancre pour matière première.
Ils sont donc dans l'obligation de forger tous leurs outils. Au terme du temps imparti, le gavot a tout juste terminé la fabrication de superbes outils mais n'a pas terminé la fabrication de la serrure.
Le devoirant a achevé un chef-d'œuvre exceptionnel : une serrure en forme de croix de la Légion d'honneur avec cache-entrée figurant Napoléon Ier et canon foré en N.
La clef devait y être positionnée d'une certaine façon pour faire jouer le pêne qui déclenchait à son tour une sonnerie.
Cette clef était si parfaitement ajustée qu'elle produisait un sifflement d'air en pénétrant dans le canon de la serrure puis, quand on la retirait, provoquait une détonation comme au débouchage d'une bouteille.
Le Dauphiné avait également eu le temps de réaliser deux autres clefs !
Confiée en dépôt au musée Boréli de Marseille, cette serrure disparaît en 1943 lors de la mise en caisses des collections par crainte des bombardements allemands.

serrure de Marseille


Aujourd'hui
Actuellement, le serrurier est l'artisan qui fabrique des menuiseries, escaliers métalliques, portails à partir de profilés en métal et exécute le blindage des portes...
Il utilise la soudure électrique ou à l'arc pour assembler les différentes pièces de son ouvrage.

Ouvrages de serrurerie fonctionnelle dans l'environnement d'une écluse du Canal du Loing


Il les ajuste et les ébarbe au tire-point, ou la lime pour les petites pièces et à la meuleuse à métal pour les pièces plus monumentales.

Certains se sont aussi spécialisés sur des niches particulières de l'aménagement ou de la décoration des logis : escaliers métalliques, vérandas métalliques, volets, clôtures, girouettes...



Formation en compagnonnage
Avant la révolution de 1789, c'est seulement après 10 années d'apprentissage, que l'ouvrier-serrurier devient compagnon.
Il doit concevoir puis réaliser la serrure qui sera son "chef d'oeuvre" ; cette pièce, d'une exécution longue et difficile était soumise à l'examen des Jurandes.
Ces chefs-d'oeuvre, le plus souvent faits "à l'antique" (reproduisant des serrures à l'ornementation inspirée du XVème siècle) sont des serrures de coffres.
Ils attestent de l'habilité de l'artisan de ses capacités décoratives et de sa précision mécanique.
Une fois la qualité de la serrure reconnue par ses pairs, le compagnon est reçu maître-serrurier, ce qui lui donne le droit de tenir boutique.


Le crochetage des serrures
Il n'y a pas que les cambrioleurs qui crochètent les serrures pour s'introduire dans des endroits dont ils ne possèdent pas les clés, et pour cause...
Le serrurier est souvent appelé en renfort lorsque l'on a perdu ses clés ou sur demande des services de l'ordre pour ouvrir des serrures.
Ce dernier utilise un certain nombre de formes spécifiques et d'un sérieux tour de main pour venir à bout des fermetures récalcitrantes.
Les appareils sont différents lorsqu'il s'agit de serrures à goupille ou à barillet.


Bibliographie
des clefs et des hommes
- Des clefs et des hommes par Marc Feldman
(octobre 2000)

livre serrurerie
- Fer forgé et serrurerie par Raymond Lecoq
(mars 1999)

- Histoire et petites histoires de la serrurerie de Fichet-Bauche (Ets.)
(janvier 1976)

- Traité de serrurerie et construction en fer de C. Juliot
(novembre 2016)

- La serrurerie d'art de Louis Perroux
(janvier 2004)

- Recueil de Serrurerie d'Art de G. Bernhard
(septembre 2008)

- Traité de serrurerie de J-J-L-G Monnin
(janvier 2013)

- Serrurerie ancienne - techniques et oeuvres de Raymond Lecoq
(janvier 1973)


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